Cecilia Cubarle

Devenir ordre cosmique, l’assimilation du spirituel dans la création plastique

Les œuvres présentées par Cecilia Cubarle constituent une série qui, de manière simple mais profonde, révèle un changement important dans l’idée qu’elle aurait eue auparavant de l’art. Née et formée dans la ville de Córdoba, en Argentine, l’artiste a été reconnue dans l’environnement local et dans sa ville de résidence actuelle – Paris-, principalement pour des créations qui argumentaient sur les aspects mercantilistes dans la production et l’assimilation des œuvres d’art occidentales, considérées comme emblématiques. L’ironie, qui en est un élément caractéristique, s’est associée à une maîtrise technique élevée. C’étaient des pièces qui, en écho à des notions postmodernes, remettaient en question l’institution même – l’art – à laquelle elles participaient. Beaucoup d’images qu’elle expose maintenant sont résolues avec une facture limpide, où les formes géométriques avec un bord net supportent une large gamme de couleurs. Cependant, ces pièces qui, à première vue, semblent s’inscrire dans une généalogie de l’abstraction géométrique, comme l’art concret ou l’op art, ont progressivement cédé la place à des lignes plus plastiques et organiques que d’autres matériaux tels que le graphite et les crayons, faisant ainsi référence à d’autres conceptions non occidentales du monde. Ce changement de matérialité représente un renouvellement de la sensibilité, un changement de direction qui la dirige vers elle-même, un mouvement de conscience de soi qui rappelle le phénomène réfractaire de la lumière: le rayon qui traverse une surface n’est jamais le même. Ses œuvres s’inscrivent alors dans un vaste rituel qui, en tant qu’acte psychomagique, donne un nouveau sens à sa pratique artistique antérieure. Cubarle cherche à franchir le seuil du langage dans une conversation avec elle-même pour révéler les structures de l’univers. Elle n’essaie pas d’expliquer superbement l’existence, mais de partager sa propre expérience comme moyen possible de reconstruire les connexions sombres du cosmos: la partie comme symbole du tout, trace microscopique du tout. La question est toujours tranchée par l’optique, la façon dont nous entrons dans le monde, pour nous l’expliquer. La lumière, condition d’existence de tout ce qui est visible, symbole à la fois du sacré et du savoir rationnel, est le principal protagoniste de ces œuvres, où prévaut la plus révolutionnaire des attitudes vitales: la joie. Dans les moments d’homologation habituelle (de significations, de styles, d’identités), la voie la plus directe vers l’authenticité consiste précisément à parler à titre personnel, non pas comme une clôture individualiste, mais comme une expression de conscience de soi, de tolérance et de respect envers l’unique et l’irremplaçable expérience de vie de chaque être humain.

Florencia Ferreyra,
Musée des Beaux-Arts Emilio Caraffa
 

(Toutes les œuvres sont peintes à la main et sans intervention numérique)

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