Alfred Boucher, fondateur et mécène de la ruche a été le premier et l’unique professeur de Camille Claudel. Souvent sollicité par les commandes publiques, il exécute entre autres les bustes de Clémenceau et de la reine de Roumanie.
Il reçoit le grand prix de sculpture de l’Exposition universelle de 1900. De sa générosité naissent en 1902 le musée Camille Claudel à Nogent-sur-Seine et La Ruche sur la parcelle de 5 000 m2 qu’il vient d’acquérir à Vaugirard.
L’Exposition universelle démantèle ses pavillons pittoresques et Boucher récupère des éléments, la grille du Palais de la femme et l’armature du pavillon des vins de Gironde, conçu par Gustave Eiffel. Deux reliefs proviennent du pavillon des Indes néerlandaises. Il ajoute à son phalanstère un théâtre de 300 places « La Ruche des Arts », où de nombreux comédiens, tel Louis Jouvet, font leurs débuts. La nouvelle cité recueille tous les artistes sans discrimination. De nombreux talents d’Europe de l’Est, fuyant les pogroms ou la misère, s’y installent. Brancusi, Zadkine, Chagall et Soutine figurent parmi les plus célèbres représentants de l’École de Paris. Diego Rivera y vivra un temps.
Grâce à cet afflux d’artistes français et étrangers, la communauté́ se diversifie et s’influence rapidement. A la fin de la guerre de nouveaux artistes s’installent, dont des Italiens mosaïstes et sculpteurs qui travailleront avec Fernand Léger, Jean Arp, Bazaine ou Martial Raysse. Dans les années 50, se développe autour de Paul Rebeyrolle le mouvement de la Jeune Peinture qui sera à l’origine du renouveau de La Ruche et de l’apparition de la Figuration Narrative, dans les années 60/70
Alfred Boucher meurt en 1934 et sans son soutien, les ateliers construits un peu trop vite tombent fatalement en ruine. À la fin des années soixante, ses héritiers décident de vendre le lieu qui se trouve dans un état de vétusté et de délabrement avancés. Une société d’immeubles HLM achète La Ruche en 1967.
C’est l’arrivée de Paul Rebeyrolle et de Francis Biras qui relance sa dynamique initiale.
Ainsi un comité de défense, présidé par Chagall, se met en place pour sauver La Ruche, vouée à la destruction. La vente d’œuvres d’anciens résidents ne rapporte pas suffisamment d’argent pour l’éviter.
De nombreux artistes (Giacometti, Delaunay, Braque, César…) apportent alors leur soutien en adjoignant leurs propres œuvres. Gisèle Halimi les défend.
Le collectif parvient à interpeller André Malraux qui bloque le permis de construire.
Sollicités par Bernard Anthonioz, René et Geneviève Seydoux, touchés par cette disparition annoncée, font don du complément et d’importants travaux de rénovation peuvent débuter.
Financée par le mécénat privé et les aides publiques, La Ruche voit une nouvelle ère s’ouvrir. En 1972, les façades et les toitures des bâtiments sont inscrites à l’inventaire des monuments historiques. Entre 1973 et 1984, les trois bâtiments principaux sont rénovés.
La Fondation La Ruche-Seydoux est reconnue d’utilité publique dès 1985.
Aujourd’hui les artistes pratiquent à La Ruche une plus grande diversité de recherches, de techniques et de médiums (peinture, sculpture, dessin, mosaïque, écriture, céramique, gravure, photo, installations, vidéo, stylisme). Des artistes reconnus tels que Ernest Pignon-Ernest et Jean-Michel Alberola y travaillent.
En 2020, des artistes en provenance d’Allemagne, Italie, Israël, Corée du sud, Irak, Argentine, Serbie, Iran, Grèce et États-Unis y ont leur atelier. Ils diffusent leurs travaux dans des musées, des centres d’art et des galeries. Depuis 2017, une salle d’exposition a été recréée et mise à disposition des artistes dans le bâtiment Fernand Léger et propose des expositions tout au long de l’année.
En 2019, le projet de rénovation du Bâtiment Fernand Léger a été reconnu par la Mission Stéphane Bern et par l’entreprise Gecina, mécène de la Fondation du patrimoine. La Région Île-de-France lui a décerné le label Patrimoine d’intérêt régional.